iA-match Podcast I L’Intelligence Artificielle au Service du Maintien à Domicile

L’Intelligence Artificielle au Service du Maintien à Domicile

Sources :

• Communiqué de presse ABILITIS : « L’intelligence artificielle au service du maintien à domicile : le fonds de dotation ABILITIS dévoile un livre blanc et présente des propositions » (04 février 2025)
• Livre Blanc ABILITIS : « IA ET MAINTIEN À DOMICILE : RÉALITÉ OU FICTION ? » (Février 2025)

Introduction :

Le fonds de dotation ABILITIS (anciennement Fonds Handicap & Société) a publié un livre blanc intitulé « IA et maintien à domicile : réalité ou fiction ? » afin d’explorer le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) pour répondre aux défis du maintien à domicile des personnes en situation de perte d’autonomie, qu’elle soit due au handicap ou au vieillissement. Réalisée avec le soutien de partenaires et en collaboration avec l’institut Viavoice, cette étude comprend un sondage auprès des Français, des entretiens avec des experts et des propositions concrètes formulées par ABILITIS. Le livre blanc vise à dresser un état des lieux de la perception de l’IA et à proposer des pistes de réflexion pour une mise en œuvre éthique et accessible au service des plus vulnérables.

Thèmes Principaux et Idées Clés :

1. Préoccupations et Aspirations des Français face à la Perte d’Autonomie et au Maintien à Domicile :

• Une majorité de Français (63%) se sent concernée par la perte d’autonomie.
• Un nombre significatif (30%) a un proche en situation de dépendance bénéficiant de services à domicile.
• Face à la perte d’autonomie, une large majorité (65%) préférerait vivre à domicile avec des services à la personne plutôt que dans une résidence spécialisée (23%).
• Cependant, les Français expriment des craintes quant à l’adéquation de l’aide apportée à leurs proches à domicile (76%), notamment sur les plans médical, moral, psychologique et administratif.
• Un sentiment de solitude est fréquemment rapporté chez les proches en perte d’autonomie (72%). Franck Nataf (FEDESAP) souligne que le rôle des auxiliaires de vie est souvent perçu comme « utilitaire », et que « L’IA pourrait permettre de gagner du temps sur certains aspects de l’accompagnement pour approfondir le lien humain ».

2- Perception et Attentes concernant le Recours à l’IA dans le Secteur Médico-Social :

• Un bénéfice attendu de l’IA est l’allègement du quotidien du personnel médico-social. Julien Paynaut (Groupe Handéo) estime qu' »Une IA peut soulager rapidement les soignants en automatisant certaines tâches à faible valeur ajoutée. Les professionnels, plutôt que de réaliser constamment des mesures de santé ou gérer des emplois du temps de plus en plus complexes, pourraient se concentrer sur l’humain ».
• L’IA est majoritairement perçue positivement comme un appui logistique et technique pour le maintien à domicile :
• 87% sont favorables à des dispositifs de surveillance de chute basés sur l’IA.
• 76% soutiennent l’utilisation d’outils de mesure connectés signalant des données inquiétantes au corps médical.
• Un Français sur deux pense que l’IA pourrait effectuer certaines mesures de santé aussi bien qu’un humain.
• Alexandre Petit (Gérontopôle Nouvelle-Aquitaine) met en avant le potentiel de l’IA dans la médecine prédictive : « L’IA est une véritable opportunité, notamment dans la prédiction. En intervenant dès le début de la chaîne, nous croisons et analysons les données pour identifier les profils les plus à risque, leurs besoins prioritaires et anticiper les situations critiques ».

3- Craintes et Prudence face au Rôle de l’IA :

• Malgré les bénéfices perçus, une prudence subsiste quant au rôle de l’IA. 57% pensent qu’elle pourrait améliorer le suivi mais risquerait d’isoler davantage les personnes en diminuant les interactions sociales.
• Isabelle Hartvig, experte usagers, alerte sur la pénurie de personnel d’accompagnement en France et insiste sur le fait que « l’IA doit être un complément, sans toutefois devenir un substitut ».
• Les Français expriment des inquiétudes concernant l’impact sur les interactions sociales (80%) et la confidentialité des données (79%). Plus de la moitié (56%) considère que l’IA apporte plus de risques que de bénéfices.
• Sébastien Vermandel (APF TechLab) souligne que le manque de sensibilisation et un imaginaire négatif sont des obstacles majeurs à l’adoption de l’IA : « Ce contexte produit une vision fondée sur la peur et la défiance. Et à plus forte raison encore dans un secteur comme la perte d’autonomie où la relation humaine est centrale ». Seuls 14% des Français se sentent suffisamment informés sur les enjeux éthiques de l’IA, et 54% ignorent l’existence d’un cadre légal.

4- Nécessité de Pédagogie et de Définition du Rôle de l’IA :

• Un travail de pédagogie est jugé nécessaire pour promouvoir un discours plus positif sur l’IA et lever les doutes. Jamal Mekhaemar (CORELIA) résume : « Nous devons définir le rôle de l’IA et interroger notre rapport aux technologies et à l’innovation… nous devons travailler à renforcer l’acceptabilité de ces solutions, pas les imposer aux professionnels et aux Français ».
• Renaud Séguier (CentraleSupélec) estime que l’IA peut améliorer le lien social si elle est « bien encadrée et bien expliquée », citant l’exemple d’un système d’alerte pour les proches en cas de baisse d’humeur.

5- Propositions d’ABILITIS pour un Usage Accessible et Éthique de l’IA : ABILITIS formule six propositions pour faire de l’IA un levier stratégique national :

• Donner une place de choix au handicap et à la perte d’autonomie dans la stratégie nationale pour l’IA : Lancement d’un appel à projets dédié, création d’un fonds public de financement et mise en place d’une gouvernance interministérielle.
• Sensibiliser et former le public : Mise en place de programmes éducatifs labellisés, campagnes nationales de sensibilisation et intégration de modules spécifiques dans les formations sanitaires et médico-sociales.
• Encourager l’usage éthique de l’IA : Cadre réglementaire conforme à l’IA Act.
• Lutter contre la fracture numérique des personnes vulnérables : Améliorer l’accessibilité et l’utilisation des services en ligne, faciliter l’accès aux équipements et à Internet, et instaurer des services d’accompagnement personnalisé.
• Innover, évaluer et concevoir des solutions inclusives : Développement de « Maisons de l’intelligence artificielle » régionales pour stimuler l’innovation et recenser les bonnes pratiques.
• Développer des solutions hybrides : Associer l’IA aux personnes humaines pour optimiser l’accompagnement et réduire le risque d’isolement social. « L’intelligence artificielle promet des avancées technologiques majeures mais soulève de nombreux défis et interrogations comme le révèlent les résultats du sondage », déclare Stéphane Bridel (Directeur général d’ABILITIS), qui insiste sur la nécessité de garantir que « l’utilisation de l’IA se fera dans un cadre éthique et accessible, au service des plus vulnérables ».

Conclusion :

Le livre blanc d’ABILITIS met en lumière le potentiel significatif de l’IA pour améliorer le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie, notamment en allégeant le travail des professionnels et en renforçant la sécurité et la prévention. Cependant, il souligne également les craintes importantes des Français concernant l’impact sur les relations humaines et la confidentialité des données.

Pour que l’IA devienne un allié précieux et éthique, un effort concerté de pédagogie, de sensibilisation et de mise en place d’un cadre réglementaire clair est indispensable. Les propositions d’ABILITIS visent à structurer une approche nationale pour exploiter le potentiel de l’IA au service des plus vulnérables, en veillant à ce qu’elle reste un complément à l’humain et non un substitut.

---

Sources :

• Communiqué de presse ABILITIS : « L’intelligence artificielle au service du maintien à domicile : le fonds de dotation ABILITIS dévoile un livre blanc et présente des propositions » (04 février 2025)
• Livre Blanc ABILITIS : « IA ET MAINTIEN À DOMICILE : RÉALITÉ OU FICTION ? » (Février 2025)